



Quelque chose de vieux, de neuf, d’emprunté et de bleu
L’origine de cette phrase remonte au 19ème siècle (période victorienne) et en anglais c’est « Something old, something new, something borrowed, something blue».Ce sont les quatre éléments essentiels de la réussite d’un mariage. Bien entendu, chacun d’eux a une signification précise. Je vous suggère de ré-écouter la fameuse et magnifique chanson “Something blue” d’Elvis Prestley pour accompagner votre lecture…
Ce n’est donc pas un début classique pour un blog sur la vigne. Comme dans la plupart de mes autres articles, ce sujet offre un infini de possibilités à explorer. Pour me concentrer sur des faits spécifiques (et intéressants, je l’espère,) liés aux vignes, j’ai décidé d’utiliser le « mantra » d’ouverture comme une sorte de carte routière verbale.
Note : le mantra est ce qui protège ou libère l’esprit de celui qui y pense…
Quelque chose de vieux – les vignes destinées à la fabrication du vin, peuvent vivre très longtemps. Les plus anciennes vignes connues produisant encore du vin ont été plantées il y a plus de 400 ans en Slovénie. Pour vous situer le contexte historique, à l’époque où ces vignes ont été plantées, Galilée venait de prouver que la terre tournait autour du soleil (ce qui est utile pour les producteurs de vin lorsqu’ils réfléchissent à l’endroit où planter leurs vignes), le Taj Mahal venait d’être achevé et les Pèlerins avaient quitté la mère Angleterre en direction du nouveau monde pour commencer une nouvelle vie et, éventuellement, un nouveau pays (qui contribuerait indirectement à la sécurité de l’industrie vinicole européenne – voir « Quelque chose d’emprunté et non d’ailleurs.
Les vieilles vignes font actuellement l’objet de nombreux débats dans la fraternité du vin, et elles font presque l’objet d’un culte dévoué avec un « quasi »-fan-club qui se développe. Avec le crescendo des changements climatiques (d’après les statistiques qui les enregistrent) et leurs impacts sur l’environnement, les vignes anciennes sont devenues un sujet de débats, qui alimentent toute une production de documentaires pertinents sur Netflix.
Il n’est donc pas étonnant que les gens trouvent du réconfort dans les vieilles vignes, plantées il y a plusieurs décennies lorsque la vie semblait moins toxique et que le prix du vin haut de gamme était plus abordable !
La définition d’une vieille vigne varie de l’Ancien au Nouveau Monde, mais à mon humble avis, toute vigne plantée il y a plus de 30 ans, mérite de porter le titre de « vieille vigne ». En dehors de clubs de fans, la vénération des vieilles vignes est incompréhensible, voire un peu incomprise. Alors que les scènes pittoresques des majestueux vignobles peuvent jeter un charme romantique, comme celui qu’offre l’horticulture artisanale, les photos artistiques en gros plan des vieilles vignes suscitent l’admiration pour leur beauté tordue et noueuse où la vieillesse est célébrée et admirée. Le vieil adage selon lequel « plus c’est vieux, mieux c’est » semble ainsi s’appliquer à ces vieilles vignes. Bien que cela ne soit pas scientifiquement prouvé, il est universellement admis que les vieilles vignes produisent un vin plus riche et de meilleure qualité que celui qu’elles produisaient à un stade plus précoce. Bien entendu, tout ceci est soumis aux caprices de notre Dame La Nature et c’est le domaine du viticulteur et de l’œnologue. Cela dépend aussi beaucoup du cépage, car certains vieillissent mieux que d’autres (on peut dire la même chose des voitures classiques!).
Au Château Méaume, nos plus vieilles vignes ont été plantées en 1957. Leur cépage est du cabernet franc qui produit des vins riches et vibrants, et constituent plus ou moins 8% de notre assemblage de vin rouge. En tant que fervents partisans et défenseurs des vieilles vignes (adhésion au fan club en cours d’étude), nous continuerons à entretenir ces vignes et à faire en sorte qu’elles continuent à produire de bons vins pour de nombreux autres millésimes à venir.
Quelque chose de nouveau – Un fait peu connu concernant les vignes est que dans un vignoble typique, et ce, plus précisément, n’importe où dans le monde, se situe en fait entre 30 et 50 degrés de latitude au nord ou au sud de l’équateur), on peut s’attendre à perdre entre 1 et 3% de ces vignes chaque année, en raison des dommages causés par le climat, le gel, des maladies et des pratiques culturales.
Pour maintenir son rendement et assurer la viabilité financière d’un vignoble, il convient de planter de nouvelles vignes tous les 5 ans environ « pour combler les vides ». Une fois plantées, ces nouvelles vignes mettront entre 3 et 4 ans avant de commencer à produire des fruits exploitables, période pendant laquelle elles doivent être soignées et protégées car elles peuvent être sensibles au gel et aux dommages causés par les animaux.
Quelque chose d’emprunté – à la fin du 19e siècle, la plupart des vignobles européens ont été détruits par un insecte appelé Phylloxera, (souvent représenté par une mante religieuse géante et carnivore dans les vieux films de Tarzan) lequel a été introduit accidentellement d’Amérique du Nord par des botanistes victoriens trop enthousiastes.
Ces insectes attaquaient les racines des vignes, ce qui entraînait leur mort. Une fois installés, ils se sont rapidement répandus dans toute l’Europe et, en 1889, environ 90 % de tous les vignobles du continent avaient été détruits. Alors que tout semblait perdu, un entomologiste américain d’origine britannique du nom de Charles Valentine Riley (quel beau nom !) a eu l’ingénieuse idée de greffer des vignes françaises (Vitis vinifera) sur les racines de vignes américaines (Vitis aestivalis).
Comme le phylloxéra est originaire d’Amérique du Nord, le système racinaire des raisins indigènes est partiellement résistant au phylloxéra. À ce stade, ceux qui sont encore éveillés se demanderont « Dans ce cas, pourquoi ne pas utiliser toute la vigne d’Amérique du Nord au lieu d’utiliser simplement ses racines ?». La réponse est simple (et je vais essayer de l’exprimer avec tact) est qu’à l’époque, les vins nord-américains n’étaient pas loins d’être considérés comme horriblement mauvais). L’ironie de cette solution transatlantique est : qu’en greffant les vignes des grands vins français, sur les vignes nord-américaines, les propriétaires de vignobles nord-américains ont finalement amélioré considérablement la qualité de leur propre vin! Merci les amis!.
En résumé, c’est donc le système racinaire de la vigne française qui est « emprunté » et cela reste encore vrai aujourd’hui.
Quelque chose de bleu – bien que je n’aie pas encore rencontré ou appris quoi que ce soit sur le vin rouge qui pourrait être complètement associé à la couleur bleue, le mieux que j’ai pu trouver est le fait que, au cours de leur développement, pendant la phase dite de « véraison », les raisins passent du vert au bleu foncé (on a aussi coutume de dire qu’il passe du vert au noir). Ce n’est pas dû à l’intervention d’une sorcellerie quelconque, mais bien un phénomène naturel qu’il est facile d’oublier en regardant la belle couleur rouge du vin dans notre verre ! Bien sûr, lorsque les raisins passent du stade de la véraison à celui de la maturité, leur peau devient rouge grâce au soleil et alors, cela signifie qu’ils seront bientôt prêts à être récoltés.
Et ce sont ces grains de raisin rouges, qui, en macérant avec leur peau, pendant la phase dite de « macération » coloreront le vin. Ensuite le jus pourra être extrait et la fermentation pourra commencer. Les cépages rouges donnent en général du vin rouge mais l’intensité peut encore être variable selon la variété du raisin, selon la méthode de vieillissement et selon sa maturité. Mais nous laisserons les subtilités de la fabrication du vin pour un autre Blog.