
“Me love you longtime”. Les millésimes et le défi de la conservation du vin.
Je me souviens lorsque j’ai assemblé ma première cave à vin à Pékin et que j’y ai placé stratégiquement les bouteilles que je possédais à l’époque, selon leur origine et leur qualité d’après mes perceptions. A mesure que ma collection de vins s’agrandissait, la taille de mes casiers à vins augmentait également, jusqu’à ce que je finisse par faire de ma cuisine une sorte de chantier miniature disgracieux.
Avec le recul, je me rends compte aujourd’hui que j’avais enfreint tant de règles fondamentales dans le stockage du vin et la gestion des millésimes que j’aurais pu être accusé, à tort, d’abus de stupéfiants.
Millésimes
J’ai toujours aimé le terme “millésime”, qui sonne tellement mieux que “récoltes”, surnom que l’on donne aux différentes années de croissance dans le domaine du tabac. Sans avoir à ajouter d’adjectif, le mot “vintage” évoque des images d’héritage, de qualité et de finesse. Le simple fait de placer le mot “vintage” dans une conversation sur le vin donne presque automatiquement l’impression que vous savez de quoi vous parlez (ah, le pouvoir des mots).
Le terme “millésime” englobe également tout ce qui est arrivé au vin pendant son année de croissance, principalement sous l’effet de la météo. Par le simple fait que le millésime, ou l’année de production du vin, est capitale. C’est l’une des nombreuses indications qui figurent sur l’étiquette d’une bouteille de vin ou d’un verre à vin et qui renseigneront le consommateur sur sa qualité et ses composants. Elle aura également une forte incidence sur la longévité du vin. Pour qu’un vin vieillisse bien dans la bouteille, il doit présenter un équilibre correct entre l’alcool et le vin, son acidité et le tanin. Des conditions météorologiques idéales assureront cet équilibre parfait. (Note : le pH du sol a également un rôle à jouer dans la longévité du vin, mais cela devient maintenant très technique et, étant donné que j’ai échoué au niveau A en chimie, je laisserai cette échelle logarithmique pour un étude futur.
Si l’on prend l’exemple de Bordeaux pour illustrer les millésimes de vin rouge de grande qualité, il est largement reconnu que les véritables grands millésimes de l’ère moderne sont 1961, 1982, 2009 et 2010. Ces millésimes issus des mêmes vignobles atteignent des prix exorbitants (par exemple, une caisse de 12 bouteilles de Château Lafite Rothschild de 1982 se vend à plus de 50 000 €, tandis qu’une caisse de millésime de 1983 se vend à 10 000 €). Et à juste titre, car l’élixir de ces années contenu dans les bouteilles (de ces années) est digne d’être offert à n’importe quelle divinité de votre choix. Car les étoiles se sont alignées, le réchauffement climatique a fait une pause et toutes les machinations de Mère Nature ont travaillé de concert avec les vignes du vignoble pour accomplir leur magie et produire un fruit exceptionnel…
Conseil d’achat : la prochaine fois que vous allez chez votre caviste préféré, essayez de tomber sur une bonne bouteille de Bordeaux de 2009 (un Pomerol ou un Saint-Émilion) dont le prix se situe entre 30 et 60 euros, et achetez-la ! Tout simplement parce que le vin sera fabuleux et aussi parce que vous pourrez le boire dès votre retour à la maison, accompagné d’un bon steak !
Il est donc important, de toujours garder à l’esprit les millésimes que vous avez choisi d’acheter et de les stocker correctement.
Conservation du vin
Il existe de nombreux bâtiments autour du Château Méaume et l’un des plus intrigants est celui que l’on appelle « La barrique » ou « Salle des tonneaux”.
En effet, bien qu’elle soit aujourd’hui principalement utilisée comme cave à vin pour notre collection privée, il y a de nombreuses années, il s’agissait du chai originel, avec des cuves souterraines dans lesquelles le vin fermentait.
Quand nous avons emménagé, la « Barrique » était pleine de bouteilles de vin. En fait, les bouteilles de vin étaient partout et certaines étaient cachées dans les cuves souterraines. La première chose à faire fut de trouver et de cataloguer toutes les bouteilles (ce que notre premier stagiaire, très efficace, a grandement facilité). L’exploration des nombreuses vieilles cuves cachées et des espaces sombres ressemblait à une petite chasse au trésor, l’excitation augmentant à chaque fois que nous tombions sur une caisse ou une bouteille.
C’est une sensation étrange de déterrer une vieille bouteille de vin. Au cours de nos recherches, nous sommes tombés sur une caisse de Château Le Bon Pasteur 1979 de Pomerol. En l’examinant de près, j’ai réalisé que le vin qu’elle contenait était resté intact pendant plus de 40 ans. Il y a quelque chose de majestueux à tenir une vieille bouteille de vin. Galilée aurait dit que “le vin, c’est la lumière du soleil, captive dans l’eau”.
Si le vin retient la lumière du soleil, alors peut-être que ces vieilles bouteilles retiennent, elles, un petit fragment de temps. Bien sûr, ce soir-là, je n’ai pas pu résister et j’ai décidé d’ouvrir (et de laisser décanter) une bouteille. Elle ne m’a pas déçue. Sa couleur grenat distillait de la nostalgie avec des arômes de fruits secs et des saveurs de mûres cuites et de cèdre sur le palais. Le fait que la caisse soit restée cachée a contribué à son stockage dans des conditions idéales. Bon, alors : “quelles sont ces conditions idéales ?”
Les principes fondamentaux de conservation et de stockage du vin sont bien connus et, bien qu’il existe quelques nuances, pour le bien de cet article, je m’en tiendrai aux principes de base qui, s’ils sont respectés, vous permettront de profiter de votre vin pendant des décennies.
1/ Conservez votre vin dans un endroit frais et sombre, à l’abri de la lumière du soleil et avec peu, ou pas, de variations de température.
2/ Ne gardez pas votre vin dans votre cuisine. Car il y a trop de variations de température.
Voilà. C’était assez simple. Maintenant il est temps de déplacer votre collection de vin hors de votre cuisine !
Enfin, quelques paragraphes sur l’apogée du vin et l’année idéale pour le boire
(les “fenêtres à boire”).
Maintenant que vous achetez les bons millésimes, que vous les conservez correctement (et que vous utilisez peut-être même votre carnet de bord des vins, que vous avez reçu en cadeau 😉 ), vient votre ultime responsabilité : savoir quand le boire !
Le moment de boire du vin dépend du type, du cépage, du pays et du millésime. Un examen de l’étiquette, une discussion avec (l’expert chez) votre caviste, une recherche de vieilles carafes à décanter dans les magazines (feuilletage de vieux magazines de décantation) ou une recherche sur Google vous donneront toutes les informations dont vous avez besoin et plus encore.
Et, puisque c’est une expérience intéressante à partager en famille et avec des amis au cours des années, (tu avais oublié de traduire le début de cette phrase !) la prochaine fois que vous achèterez une bouteille millésimée de votre vin préféré, n’hésitez pas à acheter une caisse.
Conservez votre vin correctement et suivez-en l’évolution en buvant une bouteille chaque année. Vous serez surpris et même impressionné de voir comment votre vin a vieilli et évolué, sous les auspices de vos bons soins.