
« Le Chai des chauve-souris » (Biodiversité dans le vignoble du Château Méaume).
Avant de commencer, une brève définition de la Biodiversité – elle désigne la variété des formes de vie sur la Terre ou dans un écosystème particulier (tel qu’un vignoble).
Toutefois, cela ne veut pas dire que s’occuper d’un vignoble permet nécessairement le respect de la biodiversité qui y est présente, ce n’est pas un « Tee-Up » pour soulever une inquiétude de durabilité.
Nous affirmons pourtant, qu’au Château Méaume, nous tenons à préserver notre éthique; et celle-ci n’est conduite, ni par les actionnaires et les évaluations de fin d’année, ni par de « bons sentiments ». Nous travaillons localement en prenant soin de l’ensemble du domaine, car nous voulons que les générations futures de notre famille et les amateurs de vin, apprécient la production de Château Méaume pour de nombreux millésimes à venir
Ce blog traite de l’extraordinaire biodiversité que j’ai apprise à observer dans notre vignoble. Cette biodiversité semble y faire bien plus qu’exister, elle s’y épanouit. Il est impossible de couvrir le sujet de la biodiversité présente au Château Méaume en un seul post, et plusieurs posts n’y suffiraient même pas. Aussi, je vais mettre l’accent sur un microcosme particulier témoignant de cette richesse essentielle à la vie.
Actuellement, il y a un engouement continu dans le monde du vin pour « poser de nichoir à chauve-souris » et dans les vignobles on pourrait dire : pas de battes de cricket ni de battes de baseball, mais plutôt : les mammifères volants de l’ordre Chiroptères (chauve-souris, qui figurent en bonne place dans les films de vampires). La raison de ce nouvel engouement est simple; une chauve-souris en vol peut consommer à peu près 1000 insectes en une seule nuit, pour chercher la nourriture guidée par ses radars. Bien que cette statistique soit impressionnante on devrait rappeler que la chauve-souris fait partie d’une colonie, et qu’une seule nuit permet, après une courte période de temps, de s’abstenir de traiter les vignes avec des pesticides sur la zone que les chauves-souris ont survolé pour leur consommation orgiaque d’arthropodes .
Après l’une de mes promenades quotidiennes à travers les vignes, j’ai naïvement demandé aux membres de l’équipe ce qu’ils pensaient de la présence des chauve-souris. lI y a eu un long moment de silence, suivi de quelques sourires et j’ai compris à ce moment là que j’avais, une fois de plus, manqué de lucidité. On m’a poliment répondu « Nous avons déjà une très grande colonie de chauves-souris dans le vieux Chai, elles sont là depuis un certain temps ». Ah !, ai-je dit, dans ma grande surprise.
Après avoir ramassé les miettes de mon amour-propre, j’ai pris une torche électrique et je me suis baladé dans le vieux Chai, et, j’ai vu, suspendues à l’envers dans les combles, une très grande colonie de chauves-souris. Pour une raison étrange, la plupart d’entre elles ont décidé de me regarder à ce moment précis, et soudain je me suis cru dans un album de la bande dessinée de Gary Larson « Far side ». La seule chose qui manquait était une légende disant «Eh bien, eh bien, regardez qui a finalement décidé de se présenter ».
Ce n’est qu’une fois rentré de ma réunion avec nos locataires nocturnes, que je me suis souvenu que nous n’utilisons pas de pesticides, en partie grâce à elles.
C’est dans des moments comme celui-ci, que je réalise à quel point je suis heureux d’avoir accès à une cave à vin avec des milliers de bouteilles.
Des blagues – et mammifères à l’envers – mis à part, alors que le monde du vin s’agite sur ce thème, notre vignoble a su profiter de leur présence pour de nombreux millésimes. Au passage, notons qu’en français, « bat » se traduit par « chauve-souris », ce que, pour le dire de façon intéressante, on devrait traduire par « bald mouse » soit : « souris chauve». Celles-ci sont arrivées de leur propre chef et ont fait leur maison dans notre beau vieux Chai (il restera d’ailleurs beau et vieux car nous ne ferons rien pour les déranger).
Je suis maintenant un dévot des chauves-souris (et cela, pas du tout, parce que nous sommes, elles et moi, chauves). Au cœur de l’hiver, j’ai voulu aller leur rendre visite et j’ai paniqué en découvrant que les combles étaient vides. Sandra, (mon épouse), m’a montré très calmement qu’elles avaient emménagé dans de vieilles cuves désaffectées (du vieux chai) pour se mettre à l’abri et hiberner. Ah! ai-je pensé, j’étais soulagé.
Je suppose que mon inquiétude pour les chauves-souris était due au fait que je me sens avec une certaine responsabilité envers la nature, sur notre île enclavée. Parce que l’énigme de la biodiversité est simple : Nous contribuons, nous aussi, à la variété des formes de vie sur la Terre et nous devons donc trouver notre place, connaître notre responsabilité vis-à-vis d’elle, et contribuer à maintenir son harmonie et sa beauté.